Le premier soir, recevoir un mot.
Dans un excellent documentaire diffusé sur arte en septembre et que j’ai vu dans cette maison où je réside, à Saint-Brieuc, le premier soir de cette résidence (ne sachant trop quoi faire de soi, dans ce subit déplacement de l’ensemble : l’ensemble : mon ordinateur+mes livres+et moi), Roland Barthes évoque ses trajets quotidiens, en employant le mot de « routine ». Cet usage, cette signification-là, de routine, originelle et étymologique, je ne les savais pas. Barthes le replace dans la langue, de délicieuse façon.
Routines : C’est ce qu’on tente, ou ce qui tente, par devers soi, de s’instaurer, ainsi déplacé, momentanément, dans un lieu autre. Mon rapport au lieu est logiquement affecté (je suis ailleurs), et avec lui mon rapport eu temps (ma « maison », où je ne suis pas, est un foyer, régi par des horaires spécifiques à la vie de famille).
Routines : chemins du quotidien, qui l’inventent, ce quotidien. Je me suis amusé de cette construction empirique in-corporée, lorsque je me rendais au travail à pied, quotidiennement (à La Roche-sur-Yon), constatant le chemin qui n’était pas le même à l’aller qu’au retour, comme indépendamment de ma volonté, en automatisation variable du pas.
Routines : je ne viens, à partir de ce mois de novembre, résider chez Louis-Guilloux qu’une semaine mensuelle. Difficile d’acquérir réellement des habitudes. Je parcours Saint-Brieuc en voiture (conduit par d’autres, ou en solo), et chaque jour, prétextant une course à faire, me rends à l’hyper-centre ) à pied. Ce matin, en ligne droite, 16 minutes aller, 14 minutes retour, quand avant-hier soir j’avais opéré en polygones concentriques, qui m’avaient pris plus de temps.
J’ai, je crois, trouvé le chemin le plus rapide.
Tel n’était pourtant pas mon objectif : je voulais surtout me mettre en marche, regarder, voire : flâner.
Mais il faut bien en convenir : je suis piètre promeneur. Il faudra y travailler.